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Comment trouver votre pouvoir et éviter d’en abuser

Dans une adaptation de son livre, Dacher Keltner, professeur de psychologie à l’université de Berkeley, Californie, nous livre le secret pour acquérir et garder le pouvoir : centrer son action  sur le bien commun.

Au cours des vingt dernières années, Il a mené des expériences pour comprendre comment le pouvoir est distribué au sein des groupes et des organisations. Il a identifié les membres des groupes qui faisaient l’objet de rumeurs, et ceux qui les écoutaient. Pour modéliser l’expérience du pouvoir, il a étudié ce que l’on ressent à être placé en position d’autorité.

Les résultats de ces recherches convergent vers une idée : Alors que l’approche machiavélique classique du pouvoir suppose que les individus s’en saisissent par la force coercitive, la tromperie stratégique et le travail de sape entre concurrents, ses recherches montrent que qu’on ne s’empare pas du pouvoir, mais qu’il est donné aux individus par des groupes.

Cela signifie que notre capacité à agir sur le monde, notre pouvoir, tel qu’il le définit, est façonnée par ce que les autres pensent de nous. Notre capacité à modifier la condition des autres dépend de leur confiance en nous. Notre capacité à les faire se sentir eux-mêmes capables dépend de leur volonté d’être influencé par nous. Notre pouvoir se construit par les jugements et les actions des autres. Quand ils nous accordent le pouvoir, ils augmentent notre  capacité à rendre leur vie meilleure… ou pire.

Lorsque nous recevons le pouvoir, on ressent comme une force vitale qui surgit dans tout le corps, propulsant l’individu à la poursuite d’objectifs. Quand un individu se sent puissant, il ou elle éprouve des niveaux plus élevés d’excitation, d’inspiration, de joie et d’euphorie, tout ce qui favorise une action déterminée orientée vers un but. Se sentant puissant, l’individu devient fortement sensible aux signes de reconnaissance (compliments, etc…) et saisit rapidement quels objectifs définissent telle ou telle situation.

Dans le même temps, les sensations et émotions associées au pouvoir le rendent moins conscient des risques qui accompagnent toute action.

L’expérience du pouvoir propulse l’individu dans l’une de ces deux directions: vers l’abus de pouvoir et des actions impulsives et contraires à l’éthique, ou vers un comportement bienveillant qui fait avancer le bien commun.

Le pouvoir nous fait nous sentir moins dépendant en nous donnant la liberté de ne plus tenir compte des autres et de nous concentrer sur nos propres objectifs et désirs.

Le pouvoir corrompt de quatre façons:

  1. Le pouvoir conduit à un déficit d’empathie et à des sentiments moraux diminués.
  2. Le pouvoir conduit à l’impulsivité égoïste.
  3. Le pouvoir conduit à l’incivilité et à l’irrespect.
  4. Le pouvoir conduit à se croire exceptionnel.

L’abus de pouvoir est dommageable dans tous les sens imaginables, de la baisse de la confiance au sein d’un collectif, à la moins bonne performance au travail, ou encore à une mauvaise santé. En revanche, lorsque les individus utilisent leur pouvoir pour faire avancer le bien commun, eux-mêmes et les personnes qu’ils mettent en capacité seront plus heureux, en meilleure santé et plus productifs.

Dans les expériences qu’il a menées, les personnes qui étaient bienveillantes et axées sur les autres jouissaient d’un pouvoir durable, que ce soit dans les écoles, le milieu professionnel ou les unités militaires, évitant ainsi la chute du pouvoir, qui est si courante dans la vie sociale humaine. Qu’un pouvoir durable découle d’une focalisation continue sur les autres fait sens à la lumière de ce que nous savons : les groupes donnent le pouvoir aux personnes qui font progresser le bien commun, et ils diminuent la réputation de ceux qui s’écartent de ce principe.

Comment pouvons-nous nous empêcher d’abuser du pouvoir ?

Quelles leçons pouvons-nous tirer de la recherche afin de nous éviter les erreurs du passé et de tirer le meilleur parti de notre pouvoir? Les principes éthiques qui suivent sont une approche possible pour permettre à ceux qui le souhaitent d’atteindre cet objectif :

1. Soyons conscients de notre sentiment de puissance

Le sentiment de puissance est comme une force vitale qui irrigue tout votre corps, impliquant le sens aigu de l’objectif qui se produit lorsque nous menons les autres à une action efficace. Ce sentiment vous guidera vers le frisson de faire une différence dans le monde.

Les gens qui excellent dans leur puissance – le médecin qui améliore la santé de dizaines de personnes par jour, le professeur de lycée qui pousse ses élèves vers la réussite scolaire, l’écrivain dont la pièce de fiction remue l’imagination – tous connaissent cela. Ils sentent la ruée de la dopamine et l’activation du nerf vague dans ces moments de plus pure autonomisation des autres et de promotions du bien commun.

Si nous restons conscients de cette sensation et de son contexte, nous ne serons pas pris au piège des mythes qui prétendent que le pouvoir c’est l’argent, ou la gloire, ou la classe sociale, ou un titre ronflant. Le pouvoir réel signifie améliorer le bien commun, et nos sentiments de pouvoir nous mèneront précisément sur la voie où nous sommes le mieux équipé pour le faire.

2. Pratiquons l’humilité

Le pouvoir est un don, la chance de faire une différence dans le monde. Les gens qui adoptent leur pouvoir avec humilité en jouissent de manière plus durable. Paradoxalement, plus nous nous approchons de notre zone de pouvoir, notre capacité à influencer les autres, avec humilité, plus notre pouvoir est important.

Ne soyons pas impressionnés par le chemin accompli, restons critique. Acceptons et encouragons le scepticisme et les avis contraires des autres qui nous ont permis d’exercer ce pouvoir. N’oublions jamais que les autres nous ont permis d’être en situation de pouvoir, et qu’il y a toujours plus à faire.

3. Restons concentrés sur les autres, et donnons

La voie la plus directe pour maintenir un pouvoir durable est la générosité. Donnons des ressources, de l’argent, du temps, du respect et du pouvoir aux autres. Grâce à cela, nous donnons aux autres la capacité d’agir, et nous améliorons ainsi notre propre capacité à agir. De tels actes de générosité sont essentiels à la création des sociétés fortes, et les personnes qui les reçoivent sont plus heureux. Plus nous donnons aux autres, le plus le bien commun s’en trouve augmenté.

N’hésitons donc pas à donner de toutes les manières possibles. Cela se révélera être le fondement le plus important, non seulement d’un pouvoir durable pour nous-même, mais également de notre propre sentiment de bonheur et de sens de la vie.

4. Pratiquons le respect

En manifestant du respect envers les autres, nous les rendons dignes. Nous les valorisons. Nous leur donnons des capacités à être et à agir. L’idée que tous les membres d’une collectivité méritent une certaine forme de dignité est à la base de la valeur d’égalité, et cela se traduit au jour le jour à travers les marques de respect. Pratiquer le respect demande du travail. Il n’y a pas de récompense que les gens apprécient plus que de se sentir estimé et respecté. Posons des questions. Écoutons avec attention. Soyons curieux des autres. Donnons-leur de la reconnaissance. Complimentons et louangeons sans retenue. Exprimons de la gratitude.

5. Modifions le contexte psychologique du sentiment d’impuissance

Nous pouvons diminuer la tendance, si toxique pour la santé et le bien-être, qu’ont certaines personnes à se sentir inférieures aux autres en pratiquant les quatre premiers principes énumérés ci-dessus.

Mais nous pouvons faire plus et mieux encore. Choisissons de nous engager en faveur de ces personnes qui se sentent impuissantes afin d’améliorer leur condition. L’augmentation des inégalités et la persistance de la pauvreté nous en donnent de nombreuses occasions. S’engager à défendre l’égalité femmes/hommes. Combattre le racisme. Remettre en question certains aspects de la société – solitude subie, écoles sous-financées, brutalité policière – qui dévalorisent les personnes. Créer des opportunités qui permettent aux personnes qui vivent avec ce sentiment d’impuissance de retrouver autonomie et estime d’elles-mêmes.

Ces petits pas n’ont peut-être pas le panache des révolutions sociales d’antan, mais ce sont néanmoins des révolutions tranquilles. Dans chaque interaction, nous avons la possibilité de pratiquer l’empathie, de donner, d’exprimer la gratitude, et de raconter des histoires qui rassemblent.

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